L’IGP Cévennes franchit un cap, avec l’élargissement de son aire géographique et la mise en place d’un observatoire des cépages. Entre patrimoine viticole et adaptation au climat, la dynamique est lancée.
Entre enracinement patrimonial et adaptation aux enjeux contemporains, l’IGP Cévennes poursuit sa transformation. Deux initiatives phares marquent ce tournant : l’extension géographique de son aire en Lozère et en Ardèche ainsi que la création d’un Observatoire des cépages patrimoniaux. Objectifs : préserver la richesse viticole cévenole et accompagner les vignerons dans une transition durable, climatique et économique.
La Lozère entre enfin dans la cartographie de l’IGP Cévennes
Longtemps absente du périmètre viticole officiel, la Lozère vient d’intégrer l’IGP Cévennes avec 40 communes qui rejoignent l’appellation. Cette extension, validée fin 2024, reconnaît le potentiel qualitatif élevé des terroirs lozériens dont les conditions climatiques et géologiques sont proches de celles du nord du Gard.
Ce renouveau viticole représente une opportunité stratégique pour la Lozère. À l’image des villages d’Ispagnac ou de Molézon, plusieurs communes voient désormais la viticulture comme un levier de diversification agricole et de développement économique local. Le Conseil départemental soutient cette orientation qui pourrait favoriser l’installation de nouveaux vignerons sur ces terres encore peu exploitées.
Une nouvelle dynamique en Ardèche : vinifier au-delà des frontières
L’extension ne s’arrête pas là : désormais, 29 communes ardéchoises proches de la frontière gardoise peuvent vinifier sous l’étiquette IGP Cévennes. Une victoire après deux ans de travail et une décision validée par l’INAO.
Jusqu’ici, les caves coopératives ardéchoises situées à proximité des parcelles du Gard n’étaient pas autorisées à vinifier en IGP Cévennes. Une situation jugée incohérente, car la limite départementale ne correspond ni à une séparation géographique, ni à une rupture des pratiques viticoles. Désormais, les vignerons gardois, proches de l’Ardèche, pourront valoriser pleinement leurs raisins, contribuant ainsi à une hausse prévisionnelle de 5 % des volumes de production de l’IGP.
Un observatoire pour préserver le patrimoine cévenol
Créé en 2022, l’Observatoire des cépages patrimoniaux des Cévennes œuvre à la sauvegarde de la biodiversité viticole. Il évalue quatre catégories de cépages : les patrimoniaux, les interdits, les résistants, et ceux adaptés au changement climatique.
Ce travail vise à :
• guider les vignerons dans leurs choix lors de nouvelles plantations
• anticiper les effets du réchauffement sur le vignoble
• faire évoluer le cahier des charges de l’IGP
• et contribuer à l’enrichissement du Catalogue officiel des variétés de vignes.
Cette approche proactive reflète une volonté d’inscrire la viticulture cévenole dans une trajectoire durable, sans rompre pour autant avec son identité.
Des terroirs d’avenir
Les vallées cévenoles lozériennes, déjà affectées par les dérèglements climatiques, voient leurs paysages se transformer. Tandis que la châtaigneraie recule dans les zones basses, les coteaux bien exposés avec des sols schisteux deviennent propices à la viticulture.
Des étés secs à fortes amplitudes thermiques, des automnes généreusement arrosés, et des hivers rigoureux offrent à ces terroirs des conditions idéales pour des vins de caractère. Toutes ces perspectives sont attrayantes pour les porteurs de projets, néo-vignerons, et d’une façon plus générale pour l’avenir même de la viticulture cévenole.
Une image renforcée, un territoire rassemblé
Avec cette nouvelle cartographie, l’IGP Cévennes renforce son ancrage dans les paysages et les cultures cévenoles. Le lien avec le Parc national des Cévennes, inscrit à l’Unesco, s’en trouve consolidé. Entre patrimoine, modernité et adaptation, la viticulture locale offre de nouveaux horizons dans le respect de ses racines initiales.