Un incendie d’ampleur historique a ravagé 17 000 hectares dans les Corbières, rappelant le rôle clé de la vigne comme barrière naturelle mais aussi moteur économique régional. Viticulteurs et Safer Occitanie appellent à préserver cette culture et à reconquérir les friches pour renforcer la résilience du territoire.
Alors qu’un incendie d’une ampleur inédite a ravagé près de 17 000 hectares de végétation dans les Corbières en seulement deux jours, laissant derrière lui un paysage dévasté et un lourd bilan humain, la mobilisation du monde viticole et des acteurs du foncier rural s’intensifie. Pour l’Union des Entreprises Vinicoles Méridionales (UEVM) comme pour la Safer Occitanie, il est urgent de rappeler que la vigne est bien plus qu’une culture : c’est un atout écologique, économique et social pour la résilience du territoire.
La vigne, barrière naturelle contre le feu
« La vigne structure et magnifie nos paysages depuis des millénaires. Elle joue aussi un rôle de coupe-feu en cas d’incendie », rappelle Jean-Claude Mas, président de l’UEVM.
En Occitanie et particulièrement dans l’Aude, le changement climatique frappe de plein fouet : baisse des précipitations, sols desséchés, hausse des températures, vagues de chaleur à répétition… Dans ce contexte, la vigne s’impose comme l’une des cultures les plus économes en eau et les mieux adaptées au climat méditerranéen. « Quelle autre culture à haute valeur ajoutée peut se prévaloir d’être aussi frugale ? » interroge le président de l’UEVM. En conservant des parcelles cultivées, on préserve non seulement un patrimoine paysager et économique, mais aussi un maillage végétal capable de limiter la propagation des feux.
Innover pour s’adapter
La filière viticole régionale investit dans la recherche et l’expérimentation de cépages plus résistants à la chaleur et la sécheresse tout en répondant aux attentes qualitatives des consommateurs.
En choisissant les bons cépages et les techniques agricoles adaptées, la vigne reste une culture viable et souhaitable, qui est porteuse de solutions à l’échelle locale face aux enjeux du changement climatique.
Pour Jean-Claude Mas, la stratégie est claire : « Il est moins coûteux de pérenniser une filière d’excellence exportatrice que de vouloir en construire une nouvelle. Notre territoire est le premier impacté mais il est aussi porteur de solutions innovantes. Ces solutions portées collectivement doivent s’inscrire dans le plan pour l’agriculture méditerranéenne. »
Les Safer en soutien des territoires sinistrés
Face à l’ampleur des incendies, la Safer Occitanie et le groupe Safer expriment leur solidarité avec les habitants, agriculteurs et forestiers touchés. Elles saluent également le courage des sapeurs-pompiers qui œuvrent jour et nuit pour protéger les populations et les biens.
Dotées d’une mission d’intérêt général, les Safer accompagnent le développement de l’agriculture et de la forêt, mais elles ont aussi pour mission d’informer les élus locaux au niveau de la gestion des territoires, notamment grâce à leurs outils d’observation foncière permettant de repérer les friches.
Ces dernières, souvent envahies par la végétation, constituent un facteur aggravant lors des incendies.
«Grâce à l’outil Izifriche que nous avons développé, la Safer Occitanie a déjà repéré les friches. Désormais, l’enjeu est de les reconquérir pour soutenir notre souveraineté alimentaire et protéger notre territoire » souligne Dominique Granier, président de la Safer Occitanie.
Un plan d’avenir à construire ensemble
Le Plan de sauvegarde et d’avenir annoncé par le Premier ministre est accueilli favorablement par la profession. Les acteurs du vin et du foncier souhaitent y contribuer activement en apportant leur expertise et en inscrivant leurs actions dans une stratégie globale pour l’agriculture méditerranéenne.
Rétention de l’eau, reconquête des friches, choix de cépages adaptés et valorisation économique des productions, les pistes sont nombreuses.
Pour les deux organisations, la résilience du territoire passe par une vision commune, alliant innovation, gestion raisonnée des ressources et maintien des filières locales.
