Comment réduire l’impact des emballages du vin ?

Emballage de vins : comment réduire notre consommation ?

Chaque année, 5 millions de tonnes d’emballages ménagers sont mis sur le marché en France dont 48 % sont en verre, soit 2,4 millions de tonnes. Pour enrayer ce fléau, le tri ne suffit pas. Il faut réduire les déchets d’emballage à la source…

Les activités du secteur vinicole ne sont pas sans impacts sur l’environnement et les ressources énergétiques. Un des principaux postes de pollution et d’émissions de gaz à effet de serre (GES) concerne les emballages (autour de 30% de l’impact selon Adelphe). Bouteilles, bouchons, étiquettes, cartons, poches des BIB, palettes, films plastiques sont autant de composants qui ont un impact fort sur l’environnement.
L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), estime ainsi que la production d’une bouteille de vin de 75 cl, conditionnée dans une bouteille de verre, émet 1,1 kg de CO2.
Par ailleurs, 46 % de l’empreinte carbone d’une bouteille de vin pleine seraient liés à son emballage.
A cela se rajoute le transport des bouteilles qui représente une part importante des émissions de GES, selon l’Institut français de la vigne et du vin. « Le secteur vitivinicole est responsable d’environ 0,3 % des émissions annuelles globales de GES ; cela correspond à environ 2 % des émissions du secteur agricole et 14 % du total des émissions françaises ».

Une filière parmi les bons élèves

Toutefois, selon Constance Rérolle, directrice Vins et Spiritueux au sein d’Adelphe, « la filière n’est pas la plus gourmande en emballages, sachant qu’elle utilise principalement la bouteille, contenant qui se suffit à lui-même et qui est recyclable. Pour les autres emballages l’enjeu est donc de trouver des solutions pour les alléger ou les réduire afin de limiter leur bilan carbone ».
Une réflexion que mène la filière viticole depuis près de trente ans et qui a conduit à la création d’Adelphe en 1993. « Au départ, il s’agissait de faire progresser le recyclage du verre en France. Aujourd’hui, la société accompagne et conseille les acteurs de la chaîne du recyclage pour que les emballages soient mieux conçus par les entreprises, mieux triés par les consommateurs et facilement recyclés » précise Constance Rérolle.

Des consommateurs de plus en plus exigeants

Plus de la moitié des français affirment en effet que la recyclabilité, la durabilité et la biodégradabilité des emballages constituent des facteurs importants dans leurs décisions d’achat. « Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de l’environnement et passent au crible les entreprises et leurs normes d’emballage. Cette nouvelle prise de conscience du consommateur poussent les domaines et entreprise viticoles à innover et adopter de nouvelles stratégies d’emballage écologique » explique Constance Rérolle.

L’éco-conception comme réponse

À chaque étape de son cycle de vie, des actions peuvent en effet être menées pour concevoir un emballage fonctionnel plus respectueux de l’environnement : c’est le principe de l’éco-conception. « L’éco-conception consiste à se centrer sur les services essentiels du produit tout en réduisant les impacts sur l’environnement. L’emballage en est un des leviers emblématiques. L’objectif est de maximiser son rôle : protection et praticité tout en l’optimisant : poids et choix des matériaux. Cette démarche permet à la fois de réduire les coûts pour l’entreprise, de la fabrication au transport et d’augmenter la valeur pour le consommateur » explique Linda Filone, responsable RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) au sein de l’Interprofession des Vins Pays d’Oc IGP.

Analyser et repenser ses pratiques

Mettre en place une démarche d’éco-conception nécessite toutefois un véritable état des lieux de ses pratiques, précise Linda Filone. « Quels sont les matériaux que j’utilise ? Pour quels usages ? Est-ce vraiment nécessaire ? Des matériaux recyclés peuvent-ils venir en remplacement ? Pour ces diverses questions, il est indispensable d’échanger avec les fournisseurs afin notamment de déterminer les actions à initier pour atteindre ses objectifs de réduction et parvenir au “juste emballage” ».

Adelphe accompagne les entreprises viticoles en fonction du niveau de maturité de leur projet. « Les vignerons peuvent ainsi bénéficier de bonus sur leur déclaration au recyclage en mettant en place des actions concrètes qui visent à réduire l’impact de leur emballages sur l’environnement » ajoute Constance Rérolle d’Adelphe.

Alléger et optimiser l’emballage

Réduction du grammage et de l’épaisseur, optimisation des dimensions et du design, ou encore suppression des unités d’emballage, constituent autant d’axes de réflexion.

• Réduire le poids des bouteilles

Depuis quelques années les industriels du verre travaillent sur de multiples paramètres (qualité des moules et du refroidissement, procédé pressé-soufflé, etc.) afin de réduire le poids des bouteilles.
Ainsi, alors qu’une bouteille de vin standard pesait environ 570 g dans les années 1980, aujourd’hui, les verriers proposent des gammes de bouteilles éco-conçues avoisinant les 395 g pour la plus légère. La bouteille de champagne, quant à elle, est passée de 900 g à 835 g. Elle pesait 1 250 g au début du 20e siècle ! « L’impact le plus important dans la filière viticole est bien sûr le verre, par rapport à son poids. Or, chaque emballage ménager a un prix en fonction de son matériau, de sa recyclabilité et de son poids. Plus vos emballages sont légers, moins vous payez de contribution » remarque Constance Rérolle, directrice Vins et Spiritueux au sein de la structure.

• Réduire la quantité de matériaux utilisés

La fabrication représente aujourd’hui l’impact le plus important dans le cycle de vie de l’emballage, avant même le conditionnement et la distribution des produits. C’est pourquoi « la quantité de matériaux utilisés doit être optimisée en augmentant par exemple le volume des contenants » affirme Linda Filone, responsable RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) au sein de l’Interprofession des Vins Pays d’Oc IGP.
De nombreuses initiatives économes en emballages sont ainsi régulièrement menées au sein de la filière. Parmi elles, la réduction des étiquettes de 14 à 9 cm, ou encore un système de caisse-outre sans emballage carton.

Des réflexions autour du BiB®
« Pays d’Oc IGP met en marché 24 millions de BIB®, soit 65 % de sa production. Pour diminuer l’impact sur l’environnement de ces contenants, nous menons depuis quelques temps une réflexion pour réduire l’épaisseur du carton et la taille du robinet plastique. Nous cherchons également d’autres matériaux, comme l’aluminium, pour former la languette d’inviolabilité. Enfin, la poignée plastique devrait être abandonnée au profit d’une poignée intégrée par un système de découpe » explique Linda Filone.

• Limiter le gaspillage

Un projet de loi anti-gaspillage est actuellement à l’étude auprès du gouvernement français. Porté par Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, il propose une batterie de mesures pour réduire les déchets, dont l’interdiction du plastique et des contenants à usage unique.
Au sein de la filière, ce projet de loi vise notamment « à limiter les suremballages en privilégiant les emballages les plus simples, sans intercalaires carton par exemple et dont une seule couche suffit à protéger le produit. Le meilleur déchet étant celui que l’on ne produit pas » rappelle Linda Filone.

• Privilégier les produits réutilisables

Les produits réutilisables permettent également d’éviter le gaspillage des ressources naturelles utilisées pour les produire. « Les ressources consommées pour fabriquer le produit initial se trouvent amorties sur une durée de vie beaucoup plus longue » observe Linda Filone. « Une étude, en collaboration avec l’ADEME, est actuellement en cours sur les consignes du verre qui existaient autrefois » ajoute Constance Rérolle.

Le retour de la consigne du verre
Laver des bouteilles en verre et les réutiliser nécessite 4 fois moins d’énergie que de les recycler. En effet, pour être recyclé le verre doit être fondu à 1 500°C et le processus dure 24 heures, tandis que l’eau utilisée pour le lavage des bouteilles est chauffée à 80°C seulement, et cela ne prend que 30 minutes. D’autant plus intéressant, qu’une bouteille en verre consignée peut être réutilisée au minimum une dizaine de fois ! Source : Réseau Consigne.

Améliorer la recyclabilité

« Travailler sur la recyclabilité de son emballage c’est lui donner la chance de s’insérer dans une filière de recyclage et d’avoir une nouvelle vie. C’est le faire participer concrètement à l’économie circulaire » explique la directrice Vins et Spiritueux au sein d’Adelphe.
Pour assurer la recyclabilité de leurs systèmes d’emballage, les entreprises viticoles peuvent notamment utiliser des matériaux qui seront triés et orientés vers une filière de recyclage.

• Le verre

« Le verre fait partie des matériaux les mieux recyclés. Huit bouteilles de verre sur dix achetées par les ménages français sont en effet recyclées et 100 % du verre collecté est réutilisé par les verriers » observe Constance Rérolle.

85 % du verre, dont plus de 78 % de bouteilles de vin, ont été recyclées en 2017 selon la Fédération française du Verre d’Emballage, soit 25 milliards de contenants traités. Ce sont 7 millions de tonnes de CO2 qui ont ainsi été économisées.
À noter : les bouteilles jetées dans la nature mettent trois ou quatre millénaires pour se décomposer !

• Le carton

Les emballages en carton sont moins nocifs pour l’environnement et sont aujourd’hui « recyclés à 56 % » souligne Constance Rérolle.

Emballage de vins avec carton et polystyrène
Emballage de vins : carton et polystyrène sont encore trop présents

• Les encres végétales

Adelphe encourage par ailleurs le choix des encres végétales pour les impressions. « Les huiles minérales encore majoritairement utilisées dans la filière, sont un mélange de composés chimiques issus du pétrole. Outre leur impact sur l’environnement, ces encres, ont un impact non négligeable sur la santé. Des risques sanitaires ont dernièrement été soulevés concernant la migration de ces huiles vers la poche des BIB et les emballages du vin » remarque Linda Filone, responsable RSE au sein de l’Interprofession des Vins Pays d’Oc IGP.

En 2020, les pouvoirs publics devraient imposer un malus de 10% de la contribution au poids pour le matériau papier-carton, si celui-ci comporte des encres fabriquées avec des huiles minérales. Ce taux devrait être renforcé par la suite.

• Le papier

Les entreprises viticoles sont par ailleurs incitées à utiliser des étiquettes en papier traditionnel, si possible à base de bois issu de forêts gérées durablement et qui ne participe pas à la déforestation. « Pour ce faire, elles peuvent se fier aux labels PEFC ou FSC ainsi qu’au Label Imprim’vert » explique Constance Rérolle.
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises viticoles utilisent également des étiquettes adhésives à base de glassine, papier siliconé. Or, bonne nouvelle, la glassine qui était jusqu’à présent un déchet final, destiné à être enfoui (250 000 tonnes par an) est désormais recyclable. « De plus en plus de papetiers savent désormais séparer les fibres de papier du silicone » se félicite Linda Filone.

Utiliser des matériaux recyclés

Utiliser du verre déjà recyclé (encore appelé calcin par les spécialistes) pour fabriquer les bouteilles est une autre solution possible. Cela limite l’extraction de matières premières comme le sable, qui est une ressource non renouvelable. Toutefois aujourd’hui, « les verriers français utilisent déjà l’intégralité du calcin disponible. Pour gagner en durabilité sur la filière verre, il faut que le taux de collecte en France continue d’augmenter » affirme Constance Rérolle.

En 2017, 68% des emballages ont été recyclés en France. L’objectif d’Adelphe d’ici 2022 : atteindre 75% d’emballages recyclés, tout emballage confondu : le verre, le papier-carton, les plastiques, l’acier et l’aluminium.

• Utiliser des matériaux biosourcés

De nouveaux matériaux biosourcés d’origine végétale voient également le jour, comme l’amidon de maïs, le sucre de canne, l’algue ou encore la cellulose.
Parmi les pionniers en la matière, l’Américain Nomacorc, spécialiste des bouchons co-extrudés, commercialise depuis 2013 un bouchon en plastique biosourcé. Baptisé Select Bio, ce bouchon de vin contient 60 % de polyéthylène (PE) issu de canne à sucre. L’entreprise annonce par ailleurs qu’elle proposera dès 2020 une gamme de bouchons éco-responsables fabriqués à partir… de marc de raisin ! « Attention toutefois, car un plastique biosourcé reste un plastique, or certains ne sont pas recyclables » observe Constance Rérolle.

Communiquer auprès des consommateurs

Alors que de nombreuses actions ont été engagées par les entreprises ces dernières années, bien souvent le consommateur ne l’a pas remarqué spontanément. « Cela signifie que le faire-savoir est aussi important que le faire en matière d’éco-conception » remarque Constance Rérolle.
Les entreprises viticoles doivent donc valoriser leurs actions de réduction à la source en communiquant notamment sur la nature qualitative et l’évaluation quantitative de la réduction d’impacts. Elles peuvent par ailleurs mettre en scène la matière renouvelable utilisée ou le taux de matière recyclée. « Autant de bonnes pratiques auxquels les consommateurs sont sensibles » souligne Linda Filone.

• Apposer les consignes de tri

« Communiquer sur l’éco-conception de l’emballage permet de sensibiliser le consommateur au geste de tri et au bénéfice du recyclage. Et même si de plus en plus de consommateurs adoptent le geste de tri, le tri de certains conditionnements comme la caisse-outre pour le vin (Bag-In-Box®), nécessite un effort supplémentaire. Apposer la consigne de tri sur les emballages favorise ainsi la prise de conscience et incite le consommateur à aller jusqu’au bout de la démarche » conclut Linda Filone.

87 % des français déclarent trier régulièrement leurs déchets et 44 % les trier systématiquement. Seuls 13 % déclarent ne pas trier leurs emballages. « En moins de vingt ans, le tri est entré dans le quotidien des citoyens » se félicite Constance Rérolle.

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