Pech Rouge : inauguration d’une parcelle de cépages résistants

Inauguration d'une parcelle de cépages résistants à Pech Rouge
Inauguration d'une parcelle de cépages résistants à Pech Rouge - Photo © Colette Satou

Face au changement climatique, l’unité expérimentale de Pech Rouge dans l’Aude se mobilise autour de projets concernant notamment la sélection et la création de variétés résistantes…

Située sur la commune de Gruissan, près de Narbonne, l’unité expérimentale de Pech Rouge est une structure d’expérimentation et de transfert qui appartient à l’INRAE* et qui a pour vocation la recherche intégrée en viticulture et œnologie. Les travaux de recherche qui y sont conduits portent sur l’acquisition de connaissances et le développement d’innovations en lien avec les défis auxquels est confrontée la filière, face notamment au changement climatique. « L’un des principaux enjeux de la viticulture du 21ème siècle est l’adaptation au changement climatique dans une logique de développement durable et de réduction des intrants. En d’autres termes, la vigne va devoir résister à des aléas climatiques de plus en plus extrêmes tout en résistant aux maladies, et ce dans un contexte de diminution d’utilisation des produits phytosanitaires. Les variétés résistantes sont l’une des réponses à cet enjeu » précise Hernan Ojeda, ingénieur de recherche à l’INRAE.

*L’INRAE, Institut national de recherche en agriculture, alimentation et environnement est né le 1er janvier 2020. Il est issu de la fusion entre l’Inra, Institut national de la recherche agronomique et Irstea, Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.

Des nouvelles variétés issues de croisements génétiques

Depuis le début de l’année, des recherches concernant la génétique d’association sont ainsi menées au sein de l’unité afin de sélectionner des variétés plus tolérantes aux effets du changement climatique. « Aujourd’hui, nous travaillons à des croisements génétiques issus de la variété Vitis vinifera » explique Hernan Ojeda, ingénieur de recherche à l’INRAE. Il s’agit de la principale variété de vigne utilisée par les agriculteurs, en raison de ses qualités gustatives remarquables. Cependant, il existe, à l’état naturel, d’autres espèces non utilisées pour la production de vin. Certaines d’entre-elles ont l’avantage d’être bien plus résistantes aux maladies cryptogamiques. « Par série de croisements, il est ainsi possible d’obtenir une plante combinant les caractéristiques de plusieurs espèces pour concilier goût et résistance. C’est dans cette logique que sont menées les expérimentations actuelles » précise Patrice This, directeur de l’UMR Amélioration génétique au sein de l’INRAE.

Des résultats prometteurs

Les premiers résultats de ces recherches sont plutôt prometteurs. « Nous avons réussi à défini quatre nouvelles variétés particulièrement intéressantes. Celles-ci sont aujourd’hui inscrites au catalogue français. Cependant leur nombre est insuffisant pour répondre à l’ensemble des besoins du vignoble. Il s’agit donc de développer des souches très proches de ces variétés phares » souligne le généticien. L’objectif annoncé par l’INRAE est ambitieux : inscrire d’ici 2025 une trentaine de nouvelles variétés plus résistantes de raisins rouges et blancs. Il s’agit, en parallèle, de conserver les caractéristiques des variétés régionales, telles que « la syrah ou le grenache en Occitanie mais aussi le merlot et le cabernet-sauvignon  dans le bordelais » ajoute-t-il.

Un panel de cépages en cours d’installation

Preuve de la concrétisation de ces travaux, une parcelle où seront plantés à termes 279 cépages représentatifs de l’ensemble de la diversité Vitis vinifera, a été inaugurée le 13 mars dernier au sein de l’unité expérimentale. « Ce panel variétal est en cours d’installation au sein d’ un dispositif au vignoble permettant de le soumettre à des niveaux de sécheresse ou de nutrition différentes. Les plantes seront greffées et conduites en conditions de pratiques culturales réelles, ce qui permettra de valider les observations et d’évaluer l’impact de la sécheresse sur la productivité et la qualité des vins » assure Hernan Ojeda.

La parcelle VATE (Valeur Agronomique Technologique et Environnementale) consacrée aux recherches a été divisée en 5 entités et plantée avec 2 variétés de cépages témoins et 3 variétés de cépages issues de croisements, sélectionnées pour leur résistance aux maladies et à la sécheresse.

Un projet porté au niveau régional

Ce programme de recherche est financé par la KIM (Key Initiative MUSE) Montpellier Vine & Wine Business. « La KIM est un dispositif qui a été créé il y a un an et demi dans le cadre de l’Université d’excellence et qui a vocation à développer des recherches et des formations au niveau régional. Il s’appuie sur une communauté de  150  scientifiques,  de  13  laboratoires  de  recherche et de 2 unités expérimentales. Il a vocation à faciliter le dialogue entre les disciplines pour favoriser l’émergence de projets innovants » observe Bruno Blondin, directeur de l’Institut des hautes études de la vigne et du vin.

Un domaine dédié à la recherche viticole
Le domaine de Pech Rouge s’étend sur 170 hectares entre le massif de la Clape et la côte méditerranéenne. Il est constitué d’un dispositif viticole de 38 hectares, de plateaux de vinification et d’un laboratoire d’analyse. « La première station œnologique de France a été créée à Narbonne en 1895 mais elle ne détenait pas de vigne. Très tôt en 1930 il a été décidé de doter cette station d’un domaine expérimental. La seconde guerre mondiale a retardé ce projet. Il a fallu attendre 1956 pour que l’INRA fasse l’acquisition du domaine de Pech Rouge » explique Nicola Saurin, ingénieur d’étude au sein de l’institut. Aujourd’hui, l’unité est un lieu d’expérimentation, d’innovation et d’échange, « ouvert aux acteurs de la recherche et à la communauté scientifique » précise l’ingénieur. Le site accueille en effet une antenne de l’Institut Française de la Vigne et du Vin (IFV) et rassemble au total une dizaine d’ingénieurs et une vingtaine de techniciens

Article précédentUne boulangerie de rêve !
Article suivantUne concertation publique sur l’utilisation de produits phytosanitaires

Répondre

Veuillez entrer votre commentaire
Entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!