Quand l’Europe met à mal la filière viticole…

Jacques Gravegeal, président du syndicat des producteurs de l’IGP Pays d’Oc — Photo © Pays d'Oc

FranceAgrimer doit renvoyer à Bruxelles 20 millions d’euros d’aides européennes inutilisées. Un problème de gestion qui intervient dans un contexte économique et politique particulièrement tendu pour la filière viticole. Explications avec Jacques Gravegeal, président du syndicat des producteurs de l’IGP Pays d’Oc.

Vous êtes dernièrement monté au créneau concernant l’enveloppe d’aides européennes accordée à la filière viticole par FranceAgrimer. De quoi s’agit-il exactement ?

Chaque année, l’Union FranceAgrimer distribue une enveloppe européenne à l’état français pour la viticulture. Cette année, celle-ci s’élève à 286 millions d’euros. Nous avons fait le choix dans la filière viticole, de répartir cette somme sur des projets qui concernent en majorité le développement et la restructuration du vignoble. Une partie de l’enveloppe est également consacrée au soutien et à la promotion des entreprises auprès des pays tiers ainsi qu’aux investissements, et ce, tant pour le négoce que pour la production. Or, la fin d’année approche et pas moins de 20 millions d’euros n’ont toujours pas été alloués et vont devoir être renvoyés vers Bruxelles. C’est une honte !

Comment expliquez-vous une telle situation ?

Il se trouve que la complexité des services de FranceAgrimer, qui est sous contrôle du ministère de l’Agriculture, interfère voire interdit la bonne mise en place de ces programmes. Certains dossiers datant de 2013 sont d’ailleurs toujours en attente de paiement. Le montant qui reste à solder s’élève aujourd’hui à 40 millions d’euros. Cette problématique intervient alors même que le contexte économique est déjà très compliqué. C’est la raison pour laquelle, nous disons aux pouvoirs publics que cette lourdeur administrative est insupportable. Il y en a ras le bol que la France croule sous sa propre réglementation et bureaucratie et nous impose en plus, des contraintes supplémentaires.

Ces contraintes interviennent dans un contexte économique déjà particulièrement tendu avec notamment la taxe instaurée par Donald Trump… Comment l’Europe fait-elle face ?

Depuis la fin du mois d’octobre, de nouvelles taxes douanières ont été imposées par Donald Trump. Cette mesure prévoit une surtaxe de 25 % sur les vins français qui entrent sur le territoire américain. Or, il faut savoir que la filière viticole est prise en otage d’un conflit entre Boeing et Airbus, qui ne nous concerne même pas. C’est la vraie raison du contentieux et Trump, pour riposter, s’en prend à l’agriculture et plus particulièrement aux vins français, aux fromages italiens et à l’huile d’olive espagnole. Tous les pays membres n’étant pas concernés, il ne peut donc pas y avoir de front commun de l’Union Européenne !

Le Brexit est également un sujet brûlant qui divise les européens. Quel est votre avis sur ce sujet ?

Personne n’est aujourd’hui capable de dire quels seront les impacts du Brexit, ni quand cela aura lieu… Il y a des décisions démocratiques, issues du référendum en Angleterre, qui tiennent entre leurs mains le sort de l’Union Européenne.
Cela dure déjà depuis deux ans et durera peut-être encore quinze ans. La conclusion qui s’impose, est que cette Europe n’est pas efficace. Pire, par moment elle est même déloyale.
Ces constats alimentent les arguments des personnes hostiles à l’Europe. En ce qui me concerne, je suis un européen convaincu, mais j’observe que la situation se dégrade rapidement et cela m’inquiète vraiment.

Ce contexte économique particulier a-t-il des effets sur le marché des IGP d’Oc ?

Outre l’Angleterre et les Etats-Unis, cette crise politique a des effets jusqu’en Chine, qui est notre cinquième marché à l’export. Il y a aujourd’hui une bagarre sino-américaine qui pourrait avoir des effets désastreux, notamment sur les échanges commerciaux. Heureusement, certains signaux sont plutôt favorables. Le Président Macron est en effet revenu de son voyage en Chine, au mois de novembre, avec dans ses bagages un accord pour protéger les IGP d’Oc et les vins de Bordeaux de la contrefaçon. Il faut en effet savoir que les IGP d’Oc sont le premier exportateur de vin en Chine ! Concernant les Etats-Unis, nous exportons chaque année plus de 13,5 millions de bouteilles. Ce marché nous intéresse particulièrement et nous souhaitons le développer car c’est un marché de premium et de décideurs. Encore faut-il le pouvoir…

Un nouvel écrin pour les IGP d’Oc
Le Syndicat producteurs des Vins de Pays d’Oc devrait prochainement déménager son siège social dans un nouveau bâtiment qui fait face aux actuels bureaux. « Le projet comprend un nouveau bâtiment avec de nouveaux bureaux dédiés au syndicat, une salle de réunion pouvant accueillir 50 personnes, un auditorium de 250 places ainsi qu’une terrasse extérieure. Ce bâtiment était nécessaire d’un point de vue technique, notamment pour organiser les dégustations des vins IGP d’Oc. Pour cela nous disposerons bientôt d’une salle de dégustation de 81 postes, soit la plus grande salle au monde. Avec près de 6 millions d’hectolitres, Il nous fallait en effet un espace de dégustation à la hauteur de notre production » assure Jacques Gravegeal, président du syndicat des producteurs de l’IGP Pays d’Oc.

Article précédentLa Livinière, un bijou au cœur du Minervois
Article suivantSublimez vos repas de fête avec le foie gras du Gers !

Répondre

Veuillez entrer votre commentaire
Entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!