Biodiv’Eau : diagnostiquer la biodiversité des parcelles

Biodiv'Eau, un outil pour diagnostiquer la biodiversité des parcelles agricoles

Biodiv’eau est un outil de diagnostic simple, accessible à tous les vignerons et agriculteurs, qui replace la biodiversité au cœur des exploitations.

En 2012, les vignerons du Syndicat des Côtes de Thongue, dans l’Hérault, se sont lancés dans une démarche de préservation de l’environnement à l’échelle de leur vignoble. « A l’époque, nous étions déjà dans une réflexion globale autour de la préservation de l’environnement et de nos terroirs, de la qualité de nos vins et de l’amélioration de nos pratiques. Mais aucun outil n’existait pour nous aider à avancer en ce sens et dans cette dynamique. Nous avons donc sollicité l’aide d’experts en la matière » explique François Teisserenc, président du Syndicat.
Accompagnés et guidés par le Conservatoire d’espaces naturels (CEN L-R) et la Chambre d’agriculture de l’Hérault, ils ont créé un outil d’autodiagnostic de la biodiversité et de la qualité de l’eau sur les abords de leurs parcelles : Biodiv’Eau.

Un outil conçu pour les vignerons

« Biodiv’eau est un outil innovant qui permet aux vignerons d’évaluer l’état de conservation de la biodiversité de leurs parcelles et de se rendre compte par eux même des zones à forte valeur écologique » indique Séverine Henin, conseillère biodiversité  à la Chambre d’agriculture de l’Hérault.
Concrètement, les abords de parcelles, appelées Infrastructures Agro-écologiques (IAE), qui constituent des niches écologiques pour la faune et la flore, font l’objet dans un premier temps, d’un diagnostic terrain réalisé par les vignerons eux-mêmes, accompagnés par des experts naturalistes. « Les vignerons sont totalement proactifs de la démarche. Ils apprennent à reconnaître eux même la biodiversité de leur exploitation. Ils sont ensuite guidés sur les changements à effectuer et encouragés à mettre en place diverses actions : entretien des abords de parcelles, créations de mares, plantations de haies, restauration de bandes enherbées… Ils bénéficient pour cela de préconisations personnalisées dispensées par le CEN L-R » précise le président du Syndicat des Côtes de Thongue.

Une formation dédiée à l’outil Biodiv’eau

De son côté, la Chambre d’agriculture de l’Hérault intervient, comme chef d’orchestre de la mise en place de l’outil Biodiv’eau, note Séverine Henin. « Nous intervenons surtout en tant que coordinateur de la démarche qui rassemble plusieurs partenaires financiers et techniques : le CEN L-R, le conseil départemental de l’Hérault et la Fédération des IGP de l’Hérault. Nous faisons également la promotion de cette démarche, qui ne concerne pas que les vignerons mais l’ensemble des agriculteurs. Nous aidons enfin à la mise en oeuvre des formations complètes à l’outil Biodiv’eau ».
Celle-ci est organisée en 3 étapes : « une première journée pour apprendre aux vignerons à reconnaitre et inventorier les Infrastructures Agro-écologiques sur l’ensemble de leur exploitation. Une deuxième journée, quelques semaines plus tard, dédiée à la saisie des données sur un outil cartographique. Enfin, une soirée de restitution collective pour échanger sur les pratiques vertueuses » détaille Séverine Henin.
« Suite à cette formation, les vignerons accèdent à une vue d’ensemble de leur exploitation et obtiennent un rapport d’autodiagnostic personnalisé » ajoute François Teisserenc. Il s’agit de conseils techniques et de préconisations de gestion des abords de parcelles, réalisés par des experts du CEN L-R et de la Chambre d’agriculture. « Les vignerons sont alors en mesure de réaliser des travaux d’aménagement et appliquer les conseils reçus » affirme Séverine Henin, soulignant : « à ce jour près de 180 exploitations ont déjà été diagnostiquées ».

De nombreux avantages pour le vigneron

Depuis la création de l’outil Biodiv’eau, de nombreux viticulteurs ont souhaité mettre en œuvre un programme de travaux ambitieux sur leur exploitation. « Il faut dire que l’outil est particulièrement simple et accessible. Il ne nécessite pas d’aménagement particulier. Il permet ainsi de faire évoluer la gestion des abords de parcelles sans nuire au bon fonctionnement économique de son exploitation » remarque François Teisserenc .
L’outil permet également renforcer la démarche de certification environnementale « et d’accéder aux financements du Conseil Départemental 34 pour certains travaux, ce qui n’est pas négligeable » observe le président du syndicat, précisant : « Notre souhait pour la suite est d’entraîner vers cette expérience humaine et environnementale l’ensemble des vignerons de l’Hérault et au-delà pour que cette démarche soit largement diffusée et valorisée sur les territoires pour les années à venir ».

10 ans plus tard, les résultats sont là !

Depuis le lancement de la démarche en 2012, sur le territoire des Côtes de Thongue, certains exploitants ont réévalué l’état de leurs Infrastructures Agro-écologiques. Ils constatent une amélioration de l’état de certaines d’entre elles, grâce notamment à une gestion plus adaptée de l’enherbement des bordures des parcelles. « Certains vignerons ont par exemple constaté le retour des auxiliaires de culture sur l’exploitation tels que la chauve-souris » souligne François Teisserenc.
L’outil lui-même a également évolué. « Nous allons bientôt utiliser une application sur smartphones, qui permettra, grâce à une base de données complète, de saisir en temps réel les informations de son exploitation, puis de bénéficier de préconisations personnalisées et d’orienter les vignerons sur des pratiques à privilégier. Les vignerons auront également accès à davantage d’informations concernant les Infrastructures Agro-écologiques » souligne le président du Syndicat.

Les chiffres

180 diagnostics réalisés entre 2012 et 2020
45% vignerons indépendants
50% vignerons coopérateurs
5% agriculteurs

5200 hectares de parcelles diagnostiquées
136 ha d’IAE dessinées
(forêts, mares, haies…)
478 km d’IAE linéaires (bandes enherbées, murets, alignements d’arbres)
130 arbres isolés plantés
30 km de haies
15 mares créées
20 ha de milieux rouverts

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