Joël Boueilh, élu président des Vignerons Coopérateurs de France

Depuis trois mois, Joël Boueilh, est le nouveau président des Vignerons Coopérateurs de France. Il succède à Boris Calmette qui assurait la présidence depuis 2012. Quelles sont ses ambitions et ses objectifs pour les coopératives vinicoles ? Explications…

Vous venez d’être élu à la tête des Vignerons Coopérateurs de France. Comment appréhendez-vous ce nouveau mandat ?

Il s’agit d’un challenge plutôt excitant qui s’offre à moi. Jusque-là, j’étais président de l’Union des vignerons Plaimont et donc engagé dans la verticalité de l’enjeu d’une entreprise. Dorénavant, je vais devoir réfléchir à l’horizontalité de l’enjeu de toute une filière. C’est un autre périmètre, un changement d’échelle en quelque sorte.

Vous faites face à de nombreux défis, notamment au changement climatique et au contexte sanitaire. Comment envisagez-vous cette actualité ?

Il est très difficile de se projeter par rapport à de tels événements, qui arrivent sans crier gare. Aujourd’hui, tout ce qu’on peut faire au niveau des vignerons coopérateurs c’est essayer de se donner un peu de perspective dans notre métier de vigneron et dans notre organisation coopérative. Il faut donc voir comment on réfléchit au bon fonctionnement du statut coopératif et comment on réfléchit au renouvellement des vignerons et des administrateurs de coopératives pour mener la gouvernance les coopératives à bon port. Il y a également des sujets importants qu’il va falloir suivre de près, notamment celui de la réforme de l’assurance récolte. Il y a un cadre qui va être mis en place sur lequel nous devons travailler. Après, les aléas climatiques que nous avons connus en avril 2021 sont particulièrement difficile à prévoir. Il s’agit donc de s’adapter et de trouver les meilleures réponses pour pouvoir accompagner au mieux les vignerons et les entreprises qui sont derrières.

Dans ce contexte économique, il y a tout de même de bonnes nouvelles telles que le retour du commerce de proximité et le retour en grâce des coopératives. Est-ce-que vous les ressentez ?

Nous avons effectivement noté des changements dans les façons de consommer. Or, le commerce de proximité est extrêmement important pour les coopératives. En effet, une coopérative fait vivre autour d’elle tout un territoire, des vignerons, leurs familles. Elle créée des emplois. Cette proximité est donc active et vivante. Avec la crise du Covid, les gens se sont rappelés ainsi qu’ils pouvaient faire leurs achats près de chez eux. Mais en plus de cet aspect local, nos coopératives sont également de formidables outils pour aller vendre du vin au-delà de leur périmètre local. Nous devons ainsi être plus attentifs que jamais aux évolutions du marché et aux tendances de consommation, tant en France qu’à l’international.

Quels sont à ce titre les marchés visés ?

Les marchés cibles restent avant tout l’Europe du Nord, qui est un bassin de population qui aime le vin français, le marché des Etats-Unis vers lequel de nombreuses appellations françaises se tournent car il s’agit d’un marché rémunérateur. Il y a également un marché sur lequel nous étions très présents ces dernières années et que nous espérons pouvoir reconquérir, c’est le marché asiatique et plus particulièrement le marché chinois, notamment pour le marché des vins rouges.

Sur le plan national, on note également un bel effort qualitatif des coopératives. N’est-ce pas là l’explication du retour en grâce de la coopération auprès des consommateurs ?

Je dirais que si nous voulons exister demain et continuer à exister après demain, il n’y a pas de mystères. Par le passé, trop souvent les coopératives vinicoles ont eu une image un peu dégradée. Aujourd’hui, nous avons le devoir impérieux d’inviter les consommateurs à rencontrer  les vignerons coopérateurs pour qu’ils puissent expliquer tout le travail mené dans les caves, tous les travaux de sélection parcellaire, de micro vinification… Aujourd’hui, les caves coopératives sont en effet à la pointe technique et technologique. Elles disposent par ailleurs d’un véritable atout : leur ancrage dans l’histoire. Certaines coopératives sont centenaires. C’est bien la preuve qu’elles ont su se renouveler et s’améliorer, pour répondre aux attentes des consommateurs.

Aujourd’hui les caves coopératives vinicoles font également preuve d’innovation. En quoi impulsent-elles ainsi des changements profonds ?

Les coopératives vinicoles ont une véritable capacité à optimiser des ressources pour mener de nombreux travaux de recherche et de développement, qui sont parfois longs et coûteux. Elles disposent en effet d’un peu plus de moyens pour capitaliser sur des recherches, des essais, de nouvelles techniques qui serviront, à la fin, l’ensemble de la viticulture.

Quels sont justement les travaux menés ?

Une grande partie des recherches concerne aujourd’hui l’encépagement et notamment les cépages résistants à la sécheresse et aux maladies. D’autres travaux sont menés autour de la conduite du vignoble, afin de limiter l’usage des produits phytosanitaires. Il existe également tout un panel d’essai sur les vendanges à des températures précises pour essayer d’extraire un maximum d’arômes des raisins. Enfin, des travaux sont menés sur différents porte-greffes pour répondre aux problématiques du changement climatique. Tout cela passe par des essais sur des petites surfaces, avant de mener ces travaux à grande échelle. Les coopératives sont donc essentielles à ce niveau-là.

Les coopératives sont donc un maillon essentiel pour répondre aux enjeux environnementaux. Quel est à ce titre, leur positionnement sur le bio ?

Aujourd’hui, les coopératives ne peuvent plus passer à côté. Mais il ne s’agit pas d’opposer les vignerons conventionnels aux viticulteurs certifiés bio. La réalité, c’est qu’on a besoin des deux systèmes. Le bio est en effet un parcours de production très technique, plus coûteux et qui demande une énergie considérable, que je salue. Les deux schémas sont donc indispensables. Mais il existe aussi d’autres alternatives. Les coopératives ont d’ailleurs signé en 2019 une convention avec le Ministère de l’agriculture afin de s’engager largement vers la labellisation HVE. C’est une démarche qui est très suivie des vignerons coopérateurs. Quoi qu’il en soit, il faut aller vers encore plus de sensibilisation sur ces enjeux environnementaux.

Chiffres clés

La Coopération Agricole en France, c’est 2300 entreprises-coopératives agricoles et agro-alimentaires, principalement des TPE et PME, qui représentent une marque alimentaire sur 3, rassemblent 3 agriculteurs sur 4 et emploient 190 000 salariés.

Les Vignerons Coopérateurs de France rassemblent 570 caves coopératives pour un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires global (hors unions de commercialisation).

Olivier Dabadie succède à Joël Boueilh à la présidence de l’Union des vignerons Plaimont
Olivier Dabadie, vigneron gersois, vient d’être élu la tête de l’Union de vignerons Plaimont. Sa nomination fait suite à l’élection de Joël Boueilh à la présidence de la Coopération Agricole des Vignerons Coopérateurs de France.

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