Dans les coulisses des vendanges !

Les coulisses des vendanges
Dans les coulisses des vendanges avec le Journal Vign'ette

Synonyme d’effervescence pour les vignerons, la période des vendanges signe l’aboutissement d’une année de travail. Mais que se passe-t-il en amont ? Comment se prépare-t-on au grand rush ? Découverte des coulisses, avec Isabelle Mangeart vigneronne au Clos des Nines.

Isabelle Mangeart est une viticultrice reconvertie. Voilà 15 ans que cette ancienne cadre commerciale cultive la vigne au Clos des Nines, à Fabrègues. Après une formation en viticulture et œnologie à Montpellier, elle décide de reprendre une parcelle de 8 hectares de vignes au cœur de la garrigue, adossée aux Collines de La Moure.

En 2003, elle réalise ses toutes premières vendanges. « Je me souviens que ces premières vendanges étaient hyper angoissantes. Je n’avais jamais recruté de vendangeurs et je ne savais pas trop comment j’allais m’organiser… Mais finalement d’une année sur l’autre j’ai mis en place tout un rituel qui est aujourd’hui toujours en place ».

J-21 : le grand ménage

Ce rituel commence en moyenne trois semaines avant les vendanges pour Isabelle, avec un nettoyage de la cave de fond en comble. « C’est un ménage important, où je désinfecte tout : des cuves aux caisses à vendange, sans oublier la collection de sécateurs… tout est astiqué avec soin. J’en profite également pour vérifier si le matériel fonctionne. Je porte une attention particulière aux machines qui n’ont pas servi depuis l’année dernière. Je graisse les rouages, et observe qu’il n’y ait pas de panne ».

J-17 : le recrutement

Après cette mise en place, il est temps pour la vigneronne de rassembler ses équipes.  « Je commence par rappeler les anciens vendangeurs pour savoir s’ils souhaitent revenir, sinon je bats la campagne pour trouver une quinzaine de saisonniers ». Une tâche qui s’avère particulièrement difficile pour Isabelle. En effet au Clos des Nines, les vendanges s’étalent sur 4 à 5 semaines, car tous les cépages n’ont pas le même degré de maturité. « Il est donc difficile de faire venir des gens pour seulement 15 jours de travail effectif, qui plus est en période de rentrée scolaire » explique la vigneronne.

J-10 à J-1 : les contrôles de maturité

Une fois l’équipe recrutée, Isabelle arpente ses vignes tous les deux jours pour scruter leur évolution. « Je goûte les raisins et vérifie l’état de maturité de chaque parcelle, pour décider de la date optimale des vendanges ». En parallèle de ce travail d’observation, Isabelle fait réaliser des contrôles de maturité par son laboratoire. « Cela me permet de connaître les teneurs de sucre, le Ph et l’acidité des raisins et d’infirmer ou confirmer mon ressenti ».

Un troisième facteur intervient sur la décision de démarrer les vendanges, c’est la météo. « Si le raisin est proche de la maturité et qu’un gros orage est annoncé, il faut parfois anticiper la récolte pour éviter que certains cépages ne s’abîment. C’est notamment le cas avec les cinsault, qui ont la peau très fine ».

Le jour J : une matinée de labeur

Vient enfin le jour J ! Et pour Isabelle, l’ouverture des vendanges ça commence tôt ! « En général je donne rendez-vous à l’équipe à 6h30 à la vigne, pour démarrer à la fraîche vers 7h00. Vers 10h30, on fait une pause à l’ombre des oliviers, pour déjeuner tous ensemble. Une demi-heure plus tard, on reprend pour essayer de terminer une parcelle entière vers 13h ». Une longue matinée de labeur, mais au Clos des Nines, Isabelle a fait le choix de ne pas vendanger l’après-midi. « En début d’après-midi  les températures grimpent très vite et je ne veux pas rentrer de raisins trop chauds pour éviter d’avoir à les refroidir inutilement ».

Des vendanges manuelles 

Au Clos des Nines, domaine converti en bio en 2013, la récolte se fait entièrement à la main. « J’ai toujours voulu travailler manuellement pour être sûre de la qualité du raisin que je rentre à la cave. D’ailleurs c’est aussi comme ça que j’oriente le travail des saisonniers : si vous avez envie de manger les raisins, vous pouvez les cueillir, sinon vous les laissez car je n’aurais pas non plus envie de les transformer ! ». Du simple bon sens qui permet à Isabelle de ne pas avoir à trier le raisin une fois à la cave. « Grâce à cette méthode je n’ai pas besoin de table de tri. Les caisses de raisins noirs sont simplement renversées une à une dans l’égrappoir. Pour les raisins blancs et pour l‘élaboration de rosé, le contenu est disposé directement dans le pressoir et pressées au fur et à mesure ».

Enfin, la récompense !

La récompense de cette journée de vendange vient avec les premières dégustations. « Après tout ce travail on découvre enfin le potentiel des premiers jus, la teneur en sucre, le fruité et surtout les premiers arômes. C’est la concrétisation d’une année de travail, l’aboutissement de tous nos efforts ! ». Mais pour Isabelle « les vendanges signent également le début d’un nouveau cycle pour la vigne comme pour le vigneron… ».

* Le mildiou est un champignon parasite spécifique de la vigne, qui se développe et se propage en terrain chaud et humide.

Des vendanges amères…
Avec la succession d’épisodes pluvieux et les températures élevées du printemps, les attaques de mildiou* ont été particulièrement virulentes cette année. C’est le cas notamment au Clos des Nines… « J’ai perdu 60% de ma production, dont la totalité de mes grenache et de mes carignan. Cette année mes vendanges sont donc réparties sur seulement quatre jours, au lieu des douze habituels » déplore Isabelle Mangeart.
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