La filière bio continue de progresser en Occitanie

Jean-Luc Malicorne, président du CIVAM Bio 34
Jean-Luc Malicorne, président du CIVAM Bio 34 — Photo © L. Pitiot

L’Occitanie est la première région de France en nombre de producteurs et en surfaces cultivées en agriculture biologique. Face à une telle progression, la filière s’est structurée autour d’une interprofession : « InterBio Occitanie ». À sa tête Jean-Luc Malicorne, président du CIVAM Bio 34, nous en livre les contours et missions.

En quoi consiste la structure régionale Inter Bio Occitanie et quelles en sont les principales missions ?

InterBio Occitanie est un lieu de concertation qui regroupe les cinq structures actives dans le développement de la filière bio régionale : Bio Occitanie, la Chambre Régionale d’Agriculture d’Occitanie, Coop de France Occitanie, Sudvinbio et OCEBIO (Occitanie Entreprises Bio), l’association qui rassemble les entreprises bio de transformation et de distribution de la région. Les missions de l’interprofession consistent à structurer, coordonner et accompagner le développement de l’agriculture biologique en Occitanie, à travers notamment des outils techniques de pilotage, tels que l’Observatoire Régional de l’Agriculture Biologique. Cet outil recueille des données auprès de l’ensemble des opérateurs et permet ainsi d’établir un panorama précis de la filière biologique régionale.

Justement, comment se situe la région Occitanie en termes de production agricole bio ?

En Occitanie, 9 381 exploitations agricoles étaient engagées en bio en 2018. C’est 15 % de plus qu’en 2017 et cela représente près de 14 % des exploitations régionales. Les surfaces cultivées en bio couvrent plus 427 327 hectares, soit 15 % des surfaces régionales. Depuis 2008, les surfaces en bio ont ainsi été multipliées par 4 et le nombre d’exploitations par 3,4. Les productions principales sont les grandes cultures qui représentent 1 951 exploitations et la viticulture, avec 1 885 exploitations.

Les surfaces de la région sont majoritairement occupées par les fourrages, et les grandes cultures.

Le vignoble certifié bio couvre quant à lui, 22 684 hectares, sur les 270 000 ha de vignes que compte la région. À noter d’ailleurs, la forte augmentation des surfaces viticoles en conversion qui représentent aujourd’hui 12 143 hectares. En 2018, 356 viticulteurs se sont par ailleurs engagés en agriculture bio, contre 222 en 2017. C’est une dynamique record ! Parmi ces nouveaux viticulteurs certifiés bio, 41 % sont des caves particulières. Aujourd’hui, 89 caves coopératives vinifient en bio, ce qui correspond à 20 % des volumes produits en Occitanie. Les départements qui comptent le plus de caves coopératives bio sont le Gard et l’Hérault.

Le département de l’Hérault se positionne à la quatrième place française en nombre d’exploitations bio. Comment expliquez-vous une telle dynamique ?

Notre département représente à lui seul 1 040 exploitations bio et 30 531 ha, dont 8 929 en conversion. Sur ce nombre d’exploitation, 639 sont des producteurs de vin, ce qui correspond à 61% des exploitations et à 69 % des nouveaux engagées en bio. Les vignes bio et en conversion représentent plus de 10 000 hectares, soit un tiers des surfaces totales bio ou en conversion du département. Cela s’explique notamment par la situation géographique des exploitations. En effet, le soleil et le climat méditerranéen sont particulièrement propices à l’agriculture biologique car les cultures sont moins sujettes aux maladies. En outre, la progression du bio en viticulture s’explique par la dernière crise viticole qui a obligé les producteurs à repenser leur modèle économique et leur façon de travailler mais également à rechercher de nouveaux débouchés. Or, le marché du vin bio a le vent en poupe et il est aujourd’hui davantage rémunérateur. Il enregistre d’ailleurs une forte hausse des prix, par rapport à l’an dernier, compte tenu de la demande. Les 188 000 hl de vins bio produits en 2019 ont été commercialisés à un prix moyen de 170,8 euros par hectolitres contre 142,36 €/hl pour les vins AOC rosés, 150,86 €/hl pour les vins AOC rouges et 164,48 €/hl pour les vins blancs.

Comment le CIVAM Bio 34 s’inscrit-il dans cette dynamique?

L’objet du CIVAM est d’accompagner les conversions et les installations en agriculture biologique. Pour cela nous avons mis en place un “ Point accueil conversion” qui propose des informations et renseignements concernant les démarches administratives à effectuer pour toute conversion. Dans un second temps, quand l’agriculteur est engagé en bio, nous lui proposons un accompagnement technique et économique, à travers des journées de formation et d’échange (suivi post installation, expérimentations, essais variétaux et mécaniques).
Le CIVAM Bio de l’Hérault assure par ailleurs un appui à l’animation commerciale de la filière, notamment grâce notamment à l’identification des acteurs des marchés des restaurants collectifs publics et des marchés de proximité. Le but étant, évidemment, l’optimisation de la présence de produits bio sur ces mêmes marchés. Concernant la restauration collective, la demande est de plus en plus forte en raison de la loi Egalim qui prévoit l’introduction de 20% de produits bio dans les menus scolaires, d’ici 2022.
Enfin, la structure accompagne  les différentes formes d’initiatives pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique du département. L’objectif étant de valoriser la démarche de l’agriculture biologique auprès des consommateurs.

Quels sont ainsi les événements dont le CIVAM Bio 34 est à l’initiative?

Le CIVAM est à l’origine, il y a plus de vingt ans, de la création de l’Estivale de la Bio. Cet événement, financé par le département, a fait beaucoup pour la valorisation des produits biologiques auprès du grand public. Depuis dix ans, le CIVAM organise également une fête du bio, au domaine de Restinclères à Prade-le-Lez, baptisée “L’Hérault Fête la Bio”. Ces événements attirent chaque année de plus en plus de public et nous remarquons un enthousiasme grandissant. Les consommateurs sont de plus en plus convaincus par l’agriculture biologique et ont un niveau de connaissance très important. Ils sont ainsi en demande d’informations précises et posent des questions très pertinentes. Les dernières discussions soulèvent d’ailleurs de réelles difficultés à s’approvisionner en produits biologiques au sein des commerces de proximité. C’est aujourd’hui un enjeu fort auquel le CIVAM et InterBio Occitanie doivent répondre.

Un salon dédié aux vins biologiques
Le 2 mars prochain, le CIVAM Bio 34 organise pour la deuxième édition, un salon dédié aux vins bio locaux, baptisé “Dégustation professionnelle des vins bio”. Organisé tous les deux ans à la Maison des vins du Languedoc, à Lattes, ce salon a pour principe d’être un lieu d’échanges et d’affaires entre producteurs et acheteurs. En 2018, 23 domaines viticoles et producteurs locaux ont ainsi accueillis une centaine de visiteurs, dont 21% de cavistes, 20% de commerces de détail, 13.5% de grossistes/négociants, 8% de bars à vins et 7% de restaurateurs.
Cette année, deux dégustations professionnelles seront organisées au Degustarium de l’Ecole des vins et commentées par Philippe Cabrit, autour des thèmes “Vin et Fromage” à 11h00 et “ Vin et chocolat” à 15h00. Autre nouveauté, l’organisation de deux conférences de 30 minutes. La première, animée par Jean Guizard, président de la Fédération des Cavistes Indépendants, se tiendra à 10h30 autour du thème : « Vins bio, biodynamiques et naturels, quelles différences et tendances ? ». La deuxième conférence sera animée par Karen Poirot, animatrice technique en viticulture, à 14h00, autour du thème « Qu’est-ce qu’un vin bio ? Tout savoir pour mieux en parler ».
Ce salon est ouvert aux producteurs bio certifiés et en troisième année de conversion.
Renseignements et inscriptions au 04 67 06 23 90- contact@bio34.com

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