En Gaule méridionale, l’âge du Fer (-800 au Ier siècle) correspond à une période de profondes mutations en ce qui concerne l’exploitation de la vigne. L’Histoire démontre que les Grecs débutent une viticulture intensive, à but commercial, peu après leur installation à Marseille, en 600 avant notre ère. À la même période, les populations autochtones développent également la culture de la vigne.
L’anthracologie (étude des charbons de bois) met en évidence la présence de résidus de bois de vigne dès -800. Il pourrait s’agir de restes issus d’une pratique de taille.
Grâce à la carpologie (étude des graines), on perçoit également à cette époque une nette augmentation de la proportion de pépins issus de variété de vigne cultivée au Ve siècle avant notre ère, ce qui prouve indéniablement un développement de l’exploitation de la vigne.
La mesure de taille des pépins a par ailleurs permis de discerner la présence systématique de pépins issus de la vigne domestique aux côtés d’un type correspondant à la vigne sauvage ancestrale.
Grâce à toutes ces découvertes, la culture de la vigne est attestée dans plus de 60 % des sites du sud-est de la France, où elle perdurera jusqu’au Moyen Âge.
« De grands sites archéologiques méridionaux, Oppidum d’Ensérune, Ville grecque d’Agde et différents sites plus petits autour des oppida de la vallée de l’Hérault démontrent toute la consommation de vin et la culture de la vigne dans un but de commercialisation de la production. De nombreux tessons et artefacts de vase grec de style « cratere » ont été retrouvé sur différents chantiers de fouilles. Des meules en basalte étaient par ailleurs utilisées pour le pressurage du raisin » explique Marc Bibal, historien.
En Gaule, la viticulture présentait le plus souvent un caractère extensif, c’est-à-dire avec des plantations plutôt espacées, à la différence du modèle plus intensif (aux plantations plus concentrées) de la viticulture grecque. « Ces cultures, sous forme de treille, n’avait pas la physionomie des vignes actuelles » précise Marc Bibal, historien.
La vocation de cette viticulture indigène ne laisse guère de doutes quant à son utilisation pour la production de vin. Les amas de pépins trouvés au cours des sondages sur le site de Lattes (Hérault), interprétés comme étant des résidus de pressage du raisin, ont d’ailleurs confirmé que l’activité vinicole était particulièrement florissante entre -225 et +25.
Rubrique réalisée en partenariat avec Marc Bibal, historien