Les premières vignes cultivées d’Égypte

Hiéroglyphes égyptiens sur la culture de la vigne
La culture de la vigne en Egypte s'est développée au cours des deux premières dynasties thinites (-3100 à -2700)

D’après de nombreuses fouilles, il semble que la culture de la vigne en Egypte se soit développée au cours des deux premières dynasties thinites (-3100 à -2700).

Les tombes de cette période recelaient de grandes quantités de jarres de forme allongée et à fond pointu. Celles-ci étaient en calcaire puis enduites d’argile pour en assurer l’étanchéité et d’une capacité de 10, 20 ou 30 litres. Les sceaux apposés sur ces jarres indiquent qu’elles contenaient du vin. Le hiéroglyphe représentant une vigne en treille est apparu vers -2700.

À cette époque, consommer du vin était le privilège des rois, par la suite étendu aux nobles. La première preuve d’un domaine privé en Égypte provient des inscriptions de la tombe de Metjen, haut dignitaire de l’Ancien Empire. Posséder un vignoble était alors un signe de prestige et de grande richesse. Les propriétaires de domaines avaient la plupart du temps recours à des maîtres vignerons d’origine syrienne et asiatiques. Ceux-ci cultivaient la vigne en treille, sur de hautes pergolas.

Les grappes récoltées étaient d’abord foulées au pied dans de larges cuves de granite, puis pressurées par torsion dans des draps de lin pour en extraire le dernier jus. Le moût était ensuite versé dans des amphores, où il fermentait. Le vin restait entreposé dans ces amphores, fermées une première fois à l’aide d’un bouchon de paille recouvert d’argile dans lequel on pratiquait une petite ouverture pour laisser échapper le gaz carbonique. À la fin de la fermentation, ce bouchon était retiré et remplacé par un opercule d’argile, puis l’amphore était scellée définitivement.

De nombreuses représentations, peintes ou sculptées dans des bas-reliefs, témoignent de ces procédés. La plupart montrent un raisin noir et un moût foncé, toutefois les listes d’offrandes funéraires retrouvées par les archéologues et destinées à accompagner les défunts font état de six sortes de vins différents dont des vins blancs secs et liquoreux. Ces précieux textes évoquent par ailleurs l’existence de onze dénominations de vins égyptiens.

Une des tombes les plus célèbres, la tombe de Sennefer (grand prêtre de Ptah) est appelée la tombe aux vignes en raison des représentations picturales sur les vignes en treille et les représentations de vinification. De nombreuses amphores affranchies ont par ailleurs été découvertes dans la tombe du 11ème Pharaon (-1327). Les inscriptions sur vingt-six d’entre elles fournissaient de multiples informations sur le vin contenu, notamment l’année de récolte et l’année du règne du roi. En outre, la qualité, l’origine des raisins, le nom de la vigne et celui de son propriétaire étaient chaque fois mentionnés. Il semble donc que l’Égypte ancienne ait inventé l’équivalent de l’AOC française.

Rubrique réalisée avec Marc Bibal, historien et commercial à la cave des Vignerons de Florensac.

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